Où t’es ? Pépé où t’es ?

Avec mon pépé, sur la plage de Petit-Fort Philippe (Nord)

Les vieilles photos dans les boites à chaussures ou dans les albums hors d’âge. Des images en noir et blanc, des photos aux bords crénelés. Une mémoire de la vie d’avant. Des archives nécessaires pour nourrir le souvenir des visages et des moments.

Je fouille dans les tiroirs et m’arrête un instant sur quelques photos de mon grand-père paternel, mon pépé disparu en 1995. Disparu ou effacé. Il avait fait savoir qu’il ne voulait être enterré nulle part. Président d’une association d’anciens combattants et prisonniers de guerre, il avait, pendant des années, fréquenté les cimetières pour y prononcer des discours, le 11 novembre ou le 8 mai. Un engagement qui a sans doute guidé son choix de ne pas, à son tour, être aligné parmi les tombes ou sur le mur d’un colombarium.

Pourtant, j’aimerais que l’on garde une trace de ce pépé, homme droit, courageux et travailleur. Pas seulement quelques photos dans un album. Une trace publique pour que demain et après-demain on sache que Louis Capelle a fait son chemin sur cette planète. Désormais, le numérique permet d’entretenir la mémoire des disparus. Pourtant, si vous cherchez mon pépé sur Internet, vous ne trouverez rien et je le vis comme une injustice. Je m’étais efforcé, il y a quelque temps, de semer quelques cailloux virtuels pour éviter à mon autre grand-père, Marcel Lasoen, de sombrer dans l’oubli. Un grand-père que, pourtant, je n’ai pas connu. J’ai déjà raconté cette petite aventure ici. Aujourd’hui je veux en faire autant avec mon pépé. C’est le principal objet de ce billet de blog. Si vous le lisez, vous entretiendrez une petite flamme. Si vous le partagez, la flamme du souvenir brûlera plus longtemps encore.

Mon pépé m’emmenait à la plage, dans le Nord de la France où il habitait. Il avait été blessé et fait prisonnier, en 1940, lors de la bataille de Dunkerque. Chevalier de la Légion d’honneur, il avait exercé mille métiers. Je me souviens de la filature « Textile des Dunes », à Steenvoorde, dans les Flandres. Alors qu’il y travaillait, je l’accompagnais parfois à son bureau et une fois ou deux j’avais pu, fasciné, visiter les ateliers. Bien plus tard – il avait alors soixante-dix ans environ – il entrait jusqu’au torse dans les eaux glacées, armé d’un immense filet, pour y pêcher les crevettes grises que ma grand-mère épluchait par kilos à une vitesse extraordinaire.

Mon grand-père, Louis Capelle (1911-1995)

Publié par

Marc Capelle

L'ESJ Lille, les Affaires étrangères, les routes de l'Est, quelques livres.

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